Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand C?line

En banlieue, c'est surtout par les tramways que la vie vous arrive le matin. Il en passait des pleins paquets avec des pleines bord?es d'ahuris brinquebalant, d?s le petit jour, par le boulevard Minotaure, qui descendaient vers le boulot. Les jeunes semblaient m?me comme contents de s'y rendre au boulot. Ils acc?l?raient le trafic, se cramponnaient aux marchepieds, ces mignons, en rigolant. Faut voir ?a. Mais quand on conna?t depuis vingt ans la cabine t?l?pho?nique du bistrot, par exemple, si sale qu'on la prend tou?jours pour les chiottes, l'envie vous passe de plaisanter avec les choses s?rieuses et avec Rancy en particulier. On se rend alors compte o? qu'on vous a mis. Les maisons vous pos?s?dent, toutes pisseuses qu'elles sont, plates fa?ades, leur c?ur est au propri?taire. Lui on le voit jamais. Il n'oserait pas se montrer. I1 envoie son g?rant, la vache. On dit pour?tant dans le quartier qu'il est bien aimable le proprio quand on le rencontre. ?a n'engage ? rien.





 


Et voil? !